Les résultats des quatre premiers prélèvements réalisés en Guyane sur des cas suspects de variole du singe, ou Monkeypox, sont tous négatifs. L’ARS annonce toutefois que « plusieurs prélèvements ont été réalisés et transmis par analyse au centre national de référence des orthopoxvirus ».
Le 23 mai, l’agence régionale de santé annonçait avoir recensé deux premiers cas suspects de variole du singe, ou Monkeypox, au centre hospitalier de Cayenne. Une première personne aurait guéri après apparition des premiers symptômes. La seconde, un proche, vivait sous le même toit et présentait aussi des symptômes. L’ARS précise ce mercredi 1er juin que, pour l’heure, quatre prélèvements envoyés au centre national des références sont revenus négatifs. Toutefois « plusieurs prélèvements ont été réalisés et transmis par analyse au centre national de référence des orthopoxvirus » peut-on lire dans un communiqué.
Alors que 17 cas sont comptabilisés à l’échelle nationale, l’apparition de ce virus aux symptômes similaires à ceux de la variole est une première en Guyane. La variole du singe est déjà connue, car présente en Afrique de l’Ouest depuis plusieurs années. Le premier cas avait été découvert sur un chimpanzé en 1958, d’où son nom.
Interview du Dr Francky Mubenga, médecin de santé publique, responsable du service de veille sanitaire à l’ARS.
Comment reconnait-on un « cas suspect » de variole du singe ?
Toute personne qui présente des signes symptômes similaires à ceux du Monkeypox. Une éruption cutanée qui va se développer. Mais aussi des boutons qui ressemblent à ceux qu’on voit en cas de varicelles. Ces boutons peuvent évoluer en passant par plusieurs stades allant d’une macule jusqu’à des croûtes. Ces croûtes peuvent ensuite tomber. Dès le moment où ces croûtes tombent, le patient cesse d’être contagieux.
Les symptômes commencent entre 5 à 21 jours après une exposition, c’est-à-dire une exposition à une personne contaminée, suivi de fièvre, de céphalées, de malaises. Y compris ce que j’ai décrit pour la peau. Ces éruptions cutanées commencent parfois sur le visage et au niveau des parties génitales avant de coloniser les autres parties du corps.
L’autorisation de deux vaccins contre la variole du singe, Imvanex et Jynneos, a été annoncée en France hexagonale. Ces derniers vont-ils être livrés en Guyane ?
Le vaccin Imvanex est le seul qui dispose d’une autorisation du marché européen. Les doctrines internationales actuelles vont dans le sens d’une prévention. Ces vaccins sont conseillés pour les personnes à risque, donc toutes les personnes qui ont eu des contacts directs non protégés avec la peau lésée ou des liquides biologiques provenant d’une autre personne. La vaccination est recommandée dans les quatre jours qui suivent le contact « à risque » et sans dépasser 14 jours a posteriori. Ces vaccins sont déjà disponibles en Guyane, à l’hôpital de Cayenne (CHC). Des vaccins recommandés à titre prophylactique (qui prévient la maladie). Je peux vous confirmer que des doses de vaccin sont disponibles. Pour rappel, le Monkeypox n’est pas connu comme une IST (infection sexuellement transmissible), mais le contact direct avec la peau ou les muqueuses lésées lors des relations sexuelles facilite les transmissions.
Une pandémie de variole du singe est-elle un scénario anticipé par les autorités de santé ?
Le risque de pandémie n’est pas évident, car le contexte est différent. La première raison, c’est la gravité de la maladie et son mode de transmission. Les dynamiques d’évolution du Covid et du Monkeypox sont différentes. La dangerosité du Monkeypox est inférieure à celle du Covid. Le deuxième élément, c’est que le Monkeypox se présente comme une maladie bénigne. Il n’y a aucun cas d’hospitalisation ni de décès enregistré en Guyane et au niveau national.
Si des cas sont confirmés en Guyane, s’agirait-il de la première fois que le virus est présent sur le territoire ?
Oui. Si on a un cas confirmé, ce serait le premier cas.
Le vaccin contre la variole fait-il foi contre le Monkeypox ?
Les vaccins qui sont utilisés sont des vaccins antivarioliques. Imvanex est un vaccin qui a démontré par le passé que la vaccination anti-variolique avait une efficacité de 85% pour la prévention contre l’infection au Monkeypox. La variole a été éradiquée en passant par la vaccination.
Ce même virus, Monkeypox, pourrait-il muter ?
Par analogie, comme tout virus, le Monkeypox pourrait muter. On parle plutôt de souches qui circulent en Afrique Centrale et en Afrique de l’Ouest.