Après le second tour des élections législatives, une chose est certaine : le bloc présidentiel n’a pas la majorité absolue (289 sièges) au Palais Bourbon. Afin de convoquer de nouvelles élections, une option – périlleuse – se présente au Président de la République : dissoudre l’Assemblée nationale. Une mesure utilisée à cinq reprises au cours de la Ve république.
Hier, dimanche 19 mai, un jour après le second tour en Guyane, les élections législatives ont connu leur dénouement final au niveau national. Pour la première fois depuis la mise en place du quinquennat en 2002, la coalition présidentielle n’a remporté qu’une majorité relative à l’Assemblée nationale, selon les premières estimations.
Trois ministres défaits
Ensemble ! obtient 246 sièges sur 577. Loin de la majorité absolue de 289 députés. Dans le détail, la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES) remporte 131 sièges, le groupe les Républicains 61 sièges et le Rassemblement National réalise une percée historique avec 89 députés élus.
Fragmentée, l’Assemblée nationale ainsi constituée comporte deux blocs d’opposition. Un premier à gauche de l’échiquier politique incarné par la NUPES, un second à l’extrême droite avec le parti de la candidate déchue au second tour des élections présidentielles Marine Le Pen.
Un casse-tête de gouvernance, également compliqué par les défaites de 3 ministres en lice pour le second tour des élections législatives, qui devront quitter le gouvernement : Amélie de Montchalin à la Transition écologique, Brigitte Bourguignon à la Santé et la guadeloupéenne Jusine Bénin au ministère de la Mer.
La première ministre Elisabeth Borne a de son côté remporté les élections dans la 6e circonscription du Calvados.
Un pari risqué ?
Désormais, trois options s’offrent au chef de l’Etat. La première consisterait à « débaucher » une quarantaine de députés de tout bord pour atteindre la majorité absolue. Seconde possibilité : nouer un pacte avec le parti Les Républicains. Toutefois, selon un conseiller de l’exécutif cité par Le Monde, le président n’aurait d’autres choix que de « dissoudre l’Assemblée nationale dans un an ».
L’article 12 de la constitution de la Constitution prévoit que « le Président de la République peut, après consultation du Premier ministre et des Présidents des Assemblées, prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale ». Le président doit toutefois attendre un an au minimum après le second tour des législatives.
Depuis 1958, année de promulgation de la constitution de la Ve république, la dissolution de l’Assemblée nationale a été prononcée à 5 reprises. La dernière dissolution en date remonte à 1997, quand l’Assemblée nationale fut dissoute par Jacques Chirac 2 ans après qu’il ait été élu président de la République. Une erreur politique, qui a conduit à une cohabitation inattendue avec la gauche plurielle de Lionel Jospin.