Le CDJ est 125, 125 comme la commémoration de la naissance de PAULETTE NARDAL en ce 12 Octobre.
Paulette Nardal née le 12 Octobre 1896 au François en Martinique, décédée le 16 Février 1985 à Fort de France, et fait partie de ces femmes qui ont apporté leur pierre à l’édifice qu’est la négritude, et qui malheureusement ont été oubliées par l’histoire.
Paulette Nardal était l’aînée d’une famille de sept sœurs qui ont ouvert la voie à ce courant littéraire et politique, principal mouvement d’émancipation des Noirs francophones au XXe siècle.
Etudiantes à Paris dans les années 20, les sœurs Nardal, qui étaient les premières étudiantes noires inscrites à la Sorbonne tiennent salon dans leur maison de Clamart. On y croise des artistes qui portèrent la Harlem Renaissance, comme le célèbre militant panafricaniste Marcus Garvey, le romancier jamaïcain Claude McKay, mais aussi Aimé et Suzanne Césaire, le politicien Félix Eboué, le jeune Senghor que Paulette Nardal fait inscrire à l’université, et de nombreux autres étudiants, militants des droits civiques balbutiants.
Le Paris de l’entre-deux-guerres bouillonne des idées antiracistes et décolonialistes. La Ville lumière accueille, en 1919, le premier congrès panafricain. Le Martiniquais René Maran reçoit le prix Goncourt 1921 pour Batouala, roman dont la préface dénonce sinon le colonialisme dans sa globalité, du moins ses «excès»
En 1931, les Nardal lancent la première parution dédiée à l’art, la littérature et les idées noires. La Revue du monde noir, bilingue, s’inspire des discussions du salon de Clamart, où les invités s’expriment tant en anglais qu’en français, et dans laquelle on y sent déjà La poésie caribéenne, l’onirisme créole, l’étude de la sociologie créole complexe, traumatisée par l’esclavage, que l’on retrouve en 1938 dans le Cahier d ‘un retour au pays natal d’Aimé Césaire. Dans les pages de la Revue du monde on y trouve également des publications de la Guyanaise Roberte Horth.
Pourquoi leur rôle a-t-il été si peu évoqué dans l’histoire des fondements de la négritude ? Certes, Paulette et Jane n’ont jamais publié de livres, seulement des articles. Surtout, au-delà de la misogynie, Paulette Nardal attribuait sa lente éviction du mouvement de la négritude à son rejet du communisme, très influent en Martinique dès la fin de la guerre. Impossible pour la très pieuse Paulette Nardal d’être affiliée à l’athéisme rouge.
Elle reprochera longtemps aux hommes de la négritude d’en avoir éclipsé les femmes, tout en reconnaissant, toujours ambivalente, qu’ils avaient exprimé avec «beaucoup plus d’étincelles» les idées qu’elle et Jane «brandissaient». Quand Césaire fonde Tropiques, sa revue surréaliste, Nardal admet son intérêt poétique, mais relève, amère, «l’admiration béate» pour l’ancien maire de Fort-de-France. «Sa plume a été provocante, mais lui n’a jamais été exposé à aucun danger.»
A la fin de sa vie, son œuvre fait l’objet d’une reconnaissance tardive. Senghor cite, enfin, son influence. Ses travaux suscitent un regain d’intérêt, particulièrement aux Etats-Unis. L’intégrale de la Revue du monde noir est rééditée en 1992.Lors de l’inauguration de la place Jane et Paulette Nardal, au mois d’août 2019, Anne Hidalgo a annoncé vouloir soutenir l’entrée de la femme de lettres au Panthéon à l’image de ce qui sera fait pour Joséphine Baker. Comme la maire de Paris, la cantatrice Christiane Eda-Pierre et d’autres personnalités ont œuvré à l’entretien de la mémoire des deux femmes. Ce mardi, c’est au tour d’une entreprise américaine, Google, de s’y activer.